Depuis plus de trois décennies, tous les gouvernements constitutionnels, de facto ou pas, qui se sont succédés à la tête de l'État Haïtien, n'ont pas pu valablement prendre en charge la politique de la gourde haïtienne. Toutes les mesures s'engageant à maitriser sa dépréciation ont échoué. En effet, l'augmentation du coût de la vie pendant la période dites pays lock est alarmante. L'indice des prix a affiché une croissance de plus de 20% pendant la même période.
L’idée de définir l'inflation comme un phénomène multifactoriel permet également de se demander le rôle que joue la gourde dans la montée des prix. Le dollar s'échange à 95 gourdes sur le marché interbancaire. Une décote que les commerçants et les entreprises de services ne manquent pas de répercuter sur les prix de vente des produits locaux ou achetés à l'étranger.
L'évolution de la monnaie nationale par rapport au dollar, depuis 1991(date à laquelle a pris fin l'accord qu'a signé le président Louis Borno en 1924 fixant la décote de gourde par rapport aux dollars à 5 gourdes = 1 dollar), alimente donc les prix. Le taux d'échange est au centre du phénomène de l'inflation. Une gourde de plus en plus faible par rapport au dollar est un facteur d'inflation important.
On ne peut pas honnêtement affirmer que rien n'a été fait pour stopper la dépréciation inflationniste de la gourde. On s'en souvient encore de cette mesure par une simple déclaration du président de la république pour interdire toute transaction en monnaie étrangère spécialement. Par cette déclaration, le locataire du palais national voulait dédollariser l'économie.
À cette même époque Pierre Mari BOISSON, PDG du groupe avait pris le contrepied de la décision dans l'émission Le point sur radio et télé métropole. Cependant, on constate qu'aucune de ses mesures ne sont pas à la hauteur du problème. Le dollar continu de substituer la gourde comme unité de compte et réserve de valeur.
Ainsi, pour garantir une meilleure stabilité monétaire et éliminer, en même temps une partie de l'inflation, la mise à l'écart de la gourde et son remplacement par le dollar comme la seule monnaie légale en circulation en Haïti rencontrerait d'énorme opposition selon certains experts.
Mais une dollarisation totale attirerait plus d'investissement étrangères directs, réduirait les importations des biens futiles, permettrait aux investisseurs de bénéficier de taux d'intérêt plus faibles fixés par la FED. De plus, un gouvernement n'aurait plus la possibilité d'user une expansion monétaire pour financer son déficit, ce qui éviterait un impôt inflationniste.
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17/02/20 0 403 7
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