Depuis tantôt 3 décennies, la ponctualité de nos malheurs est un fait avéré, accepté et connu de tous. Ce n’est pas dire que ça datait d’hier qu’on est celle qu’on surnommait encore la perle des Antilles, mais dans notre registre de malheurs, on va laisser certains vécus douloureux se reposer; car comme on dit chez-nous : Bourik fè pitit pou dol poze. Et vu sur cet angle, on est tristement célèbre de générations en générations, nous engendrons des bourreaux – des taureaux – des Rochambeau, avec ce génie du mal de se surpasser anti nullement et cela au grand dam de la collectivité.
On va se garder de les énumérer tous par leurs noms, ces innombrables maux qui nous ont couté nos hommes, nos femmes, nos bétails, nos cultures, notre fierté, le progrès, et disons-le à voix basse, maintenant, nos misérables vies.
Car non content d’avoir été au cours des ans, des crises politiques-sociales-économiques-culturelles-morales, depuis peu c’est le sanitaire qui se veut la vedette. Il faut bien croire que Ayiti dwe te konn joure grandèt li. S’il y ait une chose qui semble faire l’unanimité c’est qu’on reconnait l’haïtien pour sa résilience, sujet qui fascine d’ailleurs : L’Haïtien, un modèle unique.
C’est comme dire que nous sommes forgés d’une nature prédestinée à encaisser les revers de notre existence. Formulons-le en termes simplistes : « Il n’y a que l’haïtien qui soit capable de vivre, non, de survivre dans cette Haïti ainsi connue ».
Il y a eu des naufrages politiques, on s’en est fait. S’en est suivis de notre lente, mais sure, descente aux enfers économico-sociales. On s’en est encore fait de nos valeurs mornes : Byen jwe, se rezilta ki konte. Et la force des choses ne l’estime résultante de nos constats non mené, de nos dérogations éternelles menace de nous ravir ce qu’il nous reste de plus précieux, nos vies.
Dix ans déjà, depuis qu’on se lave les mains assidûment. Il y a eu le choléra, maintenant le corona. Le monde est à genoux, presque tout est à l’arrêt. Les prévisions sont désastreuses, et nous, à chaque fin de journée, on attend les chiffres flippants sans jamais prendre une réelle conscience collective pour faire les choses autrement.
La terre a déjà tremblé sur nos pas, nou pa kyè, on attend sans doute que le ciel nous tombe dessus.
Rédacteur
26/05/20 0 361 6
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