Aujourd'hui, nous avons tous les yeux braqués sur les États-Unis. La mort de Georges Floyd, cet afro-américain assassiné par un policier blanc nous a propulsé dans une époque sombre que nous voulions oublier mais qui revient toujours.
Hier encore c'était Breonna Taylor, ambulancière de 26 ans tuée de huit balles dans son lit par trois policiers en civil enquêtant sur son ex. Ahmaud Arbery abattu pendant son jogging, par un ex-membre des forces de l’ordre et son fils, Trayvon Martin, 17 ans, tué dans la rue par un vigile en Floride. Michael Brown, 18 ans, mort lors d’une altercation avec un policier. Stephon Clark, 22 ans, criblé de balles dans le jardin de sa grand-mère à Sacramento (Californie). En 2018, Tapir Rice, 12 ans, tué alors qu'il jouait avec un pistolet factice dans un parc de Cleveland…
Les noms sont nombreux, les condamnations insignifiantes. Demain ce sera qui? Qui sera asphyxié, fusillé et battu par un policier blanc pour des motifs absurdes ? Peut-être un ami, un père, un fils ou juste un voisin sera tué parce qu'il est noir dans une Amérique raciste, et leur mort sera considérée comme une bavure policière.
Les manifestations et émeutes qui se propagent dans de nombreuses villes américaines, après la mort de George Floyd avec comme cri de guerre Black Lives Matter, « La vie Des noirs comptent ». Comment en sommes-nous arrivés là ? Ces événements résultent d’une discrimination qui reste ancrée dans les institutions, dans les américains, et en Amérique soixante ans après le mouvement des droits civiques. Même l'élection de Barack Obama en 2008 n’a pas changé la donne.
Aujourd'hui encore la population noire se questionne sur le monde qu'elle lèguera à ses enfants. Elle se demande si leurs fils seront tués, arrêtés, discriminés à cause de leur couleur de peau, ou s'ils auront le droit de rêver grand. Elle se demande si tout cela va s'arrêter un jour.
Nelson Mandela disait « personne n’est né avec la haine pour l’autre du fait de la couleur de sa peau, ou de son origine, ou de sa religion. Les gens doivent avoir appris à haïr ». Cette culture de la haine et du racisme passe par la télévision où les voyous, les délinquants sont très souvent des noirs et les gens intelligents, intègres, ceux qui réussissent sont presque toujours de blancs. Cela passe aussi par l'histoire où le seul chapitre qui concerne les noirs est celui de l'esclavage. Et on oublie de nous dire que les noirs ne sont pas simplement des victimes mais aussi de grands chirurgiens comme Daniel Hale Williams, de grands écrivains comme Alexandre Dumas, de grands informaticiens comme Philip Emeagwali, de grands leaders comme Nelson Mandela, des reines comme Cléopâtre.
Ils oublient souvent de nous dire que nous sommes des inventeurs, des astronautes, des sportifs, des leaders, des hommes et femmes d'affaires, des musiciens virtuoses, des écrivains talentueux, des gens de valeurs. Nous sommes Ray Charles, Aimé Césaire, Maya Angelou, Barack Obama, Althea Gibson, Jeanette Epps, Neil Degrasse Tyson, nous sommes noirs et nous comptons.
Aujourd'hui, nous sommes encore en guerre contre le racisme, la discrimination et l'injustice. Ce n'est pas seulement le combat de la communauté noire mais c'est le combat des blancs, des noirs, des asiatiques, de l'humanité, de tous ceux qui sont animés par le désir d'un monde juste où personne ne sera traité différemment à cause de sa différence. Nous avons un rêve, nous rêvons tous d'un monde où nous pourrons enfin vivre ensemble ou l'on apprendra à aimer au lieu de se haïr.
Mais en attendant ce monde, nous dirons à tous Black Lives Matter.
Rédactrice
01/06/20 0 510 15
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